
Peut-on déshériter un enfant en France ?
Publié le :
19/09/2025
19
septembre
sept.
09
2025
Bien que la transmission du patrimoine soit, en France, strictement encadrée, la question de savoir s’il est possible d’exclure un enfant d’une succession revient fréquemment. Les situations familiales complexes, les conflits persistants ou le souhait d’avantager un tiers poussent parfois certains parents à envisager une répartition inégalitaire. Avant toute décision, il convient de rappeler que le droit successoral français repose sur des règles d’ordre public auxquelles il n’est pas possible de déroger.
Le droit français repose sur un principe fondamental en matière d’héritage, celui de la réserve héréditaire, destinée à protéger les héritiers réservataires (descendants directs).
La réserve héréditaire : un droit intouchable
Le mécanisme de la réserve héréditaire garantit aux héritiers réservataires, c’est-à-dire les enfants ou à défaut le conjoint survivant, qu’une part minimale de l’héritage leur reviendra obligatoirement, et ce qu’elles que soient les dispositions prises par le défunt par testament, ou dans le cadre d’une donation.
En pratique, cette part dépend du nombre d’enfants :
- En présence d’un enfant, celui-ci est appelé à recevoir la moitié des biens du défunt ;
- En présence de deux enfants, les deux tiers de la succession leur sont réservés ;
- En présence de trois enfants ou plus, la réserve héréditaire représente les trois quarts de la succession.
Aucune disposition, notamment un testament, ne peut réduire cette réserve de sorte qu’il est impossible juridiquement d’écarter totalement un descendant en le privant de sa part d’héritage.
Enfin, la part restante dans la succession selon l’étendue de la réserve héréditaire représente la quotité disponible, part dont toute personne peut disposer librement, en l’attribuant à un autre héritier ou à un tiers.
Les cas exceptionnels de privation
L’indignité successorale est une situation, rare, qui permet d’exclure un enfant de la succession.
Prévue par le Code civil, l’indignité successorale permet d’écarter un héritier qui a gravement porté atteinte au défunt. Elle peut être de plein droit, lorsqu’il a volontairement donné ou tenté de donner la mort au défunt, sinon facultative, par saisine du juge par un autre héritier, si peuvent être constatés des faits graves comme des violences, une accusation calomnieuse ou la destruction d’un testament.
L’héritier déclaré indigne doit restituer sa part d’héritage lorsque le partage a déjà eu lieu, auquel cas ses propres descendants ne sont pas concernés par l’exclusion. Préalablement à l’ouverture de la succession, l’héritier reconnu indigne sera exclu du partage.
Étant précisé que l’héritier indigne est emmené à recevoir sa part d’héritage si l’indignité est relevée lorsque la personne décédée, après les faits qui fondent l’indignité et en toute connaissance de cause, a expressément confirmé sa volonté de le maintenir dans ses droits. Cette confirmation doit être faite dans un testament ou par une libéralité portant sur tout ou partie de la succession.
Stratégie d’anticipation
Certains parents, soucieux d’organiser leur succession tout en respectant la réserve héréditaire, peuvent recourir à divers instruments juridiques.
La donation-partage permet de répartir les biens de son vivant, en fixant la valeur de chaque lot et en évitant des conflits ultérieurs.
L’assurance-vie constitue également un outil efficace, puisque les capitaux versés au bénéficiaire désigné ne sont pas soumis aux mêmes règles que la succession classique, à condition de ne pas excéder les limites imposées par la loi.
D’autres solutions, telles que la création d’une société civile pour gérer un patrimoine immobilier ou la conclusion d’un pacte successoral, offrent des marges de manœuvre intéressantes.
Ces dispositifs exigent toutefois une réflexion approfondie et un accompagnement juridique afin de concilier au mieux volonté personnelle et cadre légal.
Historique
-
Peut-on déshériter un enfant en France ?
Publié le : 19/09/2025 19 septembre sept. 09 2025Articles du cabinetBien que la transmission du patrimoine soit, en France, strictement encadrée, la question de savoir s’il est possible d’exclure un enfant d’une succession revient fréquemment. L...
-
Loi de finances pour 2025 : quels changements en matière patrimoniale et immobilière ?
Publié le : 19/03/2025 19 mars mars 03 2025Articles du cabinetLa loi de finances pour 2025 apporte des évolutions majeures en matière de donations et de successions en France. Ces ajustements, qui s’inscrivent dans une volonté d’adapter la...
-
Divorce : que devient le logement familial ?
Publié le : 14/01/2025 14 janvier janv. 01 2025Articles du cabinetLorsqu’un couple divorce, l’avenir du logement familial constitue souvent une question cruciale. Que les époux soient propriétaires ou locataires, cette résidence, chargée de so...
-
Testament olographe ou authentique : lequel choisir ?
Publié le : 02/01/2025 02 janvier janv. 01 2025Articles du cabinetLorsqu’une personne souhaite organiser la transmission de son patrimoine, le testament est un outil essentiel, en ce qu’il permet de préciser ses volontés et d'assurer une répar...
-
À quoi correspond la nouvelle obligation déclarative d’occupation des biens immobiliers ?
Publié le : 04/12/2024 04 décembre déc. 12 2024Articles du cabinetInstaurée avec la loi de finances pour 2020, la nouvelle obligation déclarative d’occupation de biens immobiliers s’applique depuis le 1er janvier 2023. Tous les propriétaires d...
-
À quoi sert le pacte successoral ?
Publié le : 23/09/2024 23 septembre sept. 09 2024Articles du cabinetEn France, il n’est pas possible de déshériter ses enfants. Ces derniers vont bénéficier de la réserve héréditaire. Il s’agit d’une partie du patrimoine du défunt réservée à ses...